dimanche 2 janvier 2011

Aujourd'hui, j'ai rencontré la Mort...

Aujourd’hui, j’ai rencontré la Mort.
Elle me regardait avec ses yeux bleus ciel
Bien camouflée dans ce corps malade
Couchée dans un lit d’hôpital
Vêtue d’une simple jaquette bleue
Aujourd’hui, j’ai rencontré la Mort

Aujourd’hui, j’ai vu que la Mort
Avait commencé son invincible dessein
En s’infiltrant dans cet être vieilli
Aspirant jour après jour la vie
Affaiblissant jour après jour le cœur
Un cœur mort d’émotions depuis longtemps

Debout au pied de ce lit
Je scrutais, je cherchais, j’espérais
Je désirais de toutes mes forces
Un son, une parole, un réconfort
Que l’on donne comme ça avant de partir
Pour cet interminable voyage ultime

Debout au pied de ce lit
J’ai toutefois attendu en vain
Cette source d’espoir, ce baume, cette parole
En regardant ce grand gaillard quinquagénaire
Espérer comme un tout petit enfant
Entendre la voix de sa mère lui murmurer
Un son, une parole, un réconfort.

Aujourd’hui, j’ai vu la Mort œuvrer
Effacer de ce corps toute trace d’amour
Un amour qui n’a jamais été visible
Jamais tangible, jamais présent, jamais nourri
Et jusqu’à la fin ne donner aucune chance
De faire marche arrière, de changer le cours des choses

Aujourd’hui je suis sortie de cette chambre
Enragée, en entendant mon âme pleurer
Pleurer de rancœur et de colère non retenue
Devant ce spectacle crasse et obscène
Ce gâchis perpétuel de non-dit, d’indifférence
Cette absence d’émotions réelles et rassurantes

Aujourd’hui je suis sortie de cette chambre d'hôpital
Déterminée et jurant que jamais je ne finirai ainsi
Enfermée dans un monde insensible et froid
Un monde intouchable, imperméable, impassible
Qui a fait ses ravages longtemps avant l’heure
L’heure fatidique et incontournable du Grand Départ

Aujourd’hui j’ai fait une promesse à la Mort
Qu’elle devra me mener une dure bataille
Pour faire de ma fin de vie un tel spectacle
Si désolant, si navrant, si bouleversant
Aujourd’hui j’ai regardé la Mort dans les yeux
Et lui ai dit : « Tu ne sais pas à qui tu as affaire » !

3 commentaires:

  1. Le genre de texte pour lequel je n'ai d'autre commentaire que dire: je compatis.
    Pour le reste, pour les traces qu'il a laissées, je vais prendre le temps d'évaluer le poids dont il m'accable.

    RépondreSupprimer
  2. Je suis de tout coeur avec vous, ClaudeL. Ces mots devaient sortir de ma tête, devaient être mis bout à bout, pour devenir ce texte. Triste, vraiment triste.

    RépondreSupprimer
  3. D'un point de vue humain, cet incapacité à dialoguer les choses importantes est une tragédie. C'est accepter de laisser planer le doute, supposer que tout se règle tout seul.


    un mauvais mélange de fierté à ne pas paraître vulnérable, de blocage dû à l'éducation et de pensée magique

    triste triste.

    D'un point de vu littéraire... j'aime beaucoup le style que tu es en train de te forger...

    Je suis de tout coeur avec vous.
    Vous aimes
    x

    RépondreSupprimer