jeudi 12 janvier 2012

En marchant...

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, ma tête bien emmitouflée sous un capuchon, afin d'éviter que l'averse de flocons vienne foutre le bordel dans mes cheveux raidis et plats, les pieds sur le trottoir, la tête dans les nuages, et je pense, je pense, je pense.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, marche interminable, marche imposée, marche salvatrice, que j'ai promis de faire pour me prouver à moi-même, que j'étais encore capable de relever des défis.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, croisant petits et grands, jeunes ou vieux, beaux et laids, passant anonymement près de deux bedonnants, qui pour calmer leur rage s'époummonent à la porte d'un bar où résonnait, en sourdine, une chanson country.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, comme un voyeur je scrute sans gêne les vitrines colorées, qui d'un mannequin sans tête ou d'un piano à queue, d'une coiffeuse demandée ou d'un solde incroyable.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, je calcule ma chance de vivre dans ce Nord, où l'hiver est long, la neige abondante, les vents glaciaux et la température changeante; ce pays de froid où jamais on ne verra la terre s'affoler, s'exciter et bouger, où les eaux dorment toujours tranquillement dans leur lit.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, à la croisée des chemins, rencontré deux jeunes filles toutes menues, qui, malgré les moins quelques degrés Celsius, se pavanaient en légère tenu, non par manque de budget mais par mode oblige.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, je fus sortie de ma rêverie subitement, par le son strident d'une ambulance pressée, qui courait à vive allure, direction l'hôpital et tout en revoyant mon parfait bilan de santé, eut une pensée d'encouragement pour la personne passagère.

En marchant dans les rues de ma ville enneigée, toujours perdue dans mes innombrables pensées, pas une fois mais deux fois j'ai failli être butée, non par un adonis, un dieu grec où Brad Pitt, mais par une déneigeuse à trottoir qui roulait à fond la caisse, droit devant elle... en ma direction!

En marchand dans les rues de ma ville enneigée, on se serait cru en pleine nuit de Noël, manquait plus que le Minuit Chrétien chanté par Placido Domingo, pour nous faire revivre ce temps, ô combien divin, où en regardant le ciel, on se jure d'avoir vu Rudolph tirer le traineau du Père Noël.

En marchand dans les rues de ma ville enneigée, après quelque 30 minutes en solo, isolée, j'ai repris le chemin du bercail et avec les idées qui se bousculaient dans ma tête, j'ai compris que malgré tout ce que je peux en penser, ma vie... elle est belle en maudit!


15 commentaires:

  1. Encore un beau billet. :))
    La terre se porterait mieux si plus de gens possédaient ta propension au bonheur.
    J'aime.

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  2. Wow...

    J'intronise de ce pas ce billet au panthéon de mes textes préférés.

    La vie est belle, Lucille, tu as raison. L'hiver est chaleureux, dans tes mots.

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  3. C'est joli! La marche/ville/neige t'inspire maman!

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  4. Wow! Tu es inspirée ma chère Lucille! Merci de m'avoir virtuellement fait prendre une marche avec toi!!
    J'ai bien aimé cette description des filles toutes nues et des hommes à la porte du bar avec musique country! Moi, je t'y aurais invitée à prendre une bière!!!

    Gentil ton fiston de commenter le blogue à sa maman!!

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  5. @ Sylvie - Merci. Mais le bonheur est un élément tellement éphémère. J'aimerais qu'il soit coulé dans le béton... pour en profiter 24 heures sur 24.

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  6. @ C'est drôle comment l'inspiration se matérialise quand on prend une marche... en plus d'être bon pour ma ligne ;)

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  7. @ Pat (Fiston) - Seul avec moi-même, la machine à penser roule toujours à plein régime. xox

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  8. Je n'ai pas commenté, mais j'avais lu, juste oublié de te dire que j'ai beaucoup aimé. La répétition de la première phrase donne de la force au texte, un martèlement de pas.

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  9. À combien d'heures de route sont ces rues si on part de Québec mettons? Parce que j'irais bien marcher avec toi! :))

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  10. @ ClaudeL - Et je me sentais tellement bien, en symbiose avec une température adéquate (juste pour dire j'avais pas mis mes pantalons d'hiver) et un désir de regarder mon environnement... simplement regarder! Et l'inspiration a fait le reste.

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  11. @ Marie-Claude - Québec/Val-d'Or, 8 heures de route (quand le Parc LaVérendrye est beau).

    Si tu viens aujourd'hui, je te conseille d'apporter une "petite laine". Il fait -25... mais le soleil est là!

    Je t'attends ;)

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  12. @ Michèle - Ça m'a fait plaisir de te faire faire de l'exercice... virtuellement ;) Défi oblige : marcher au moins 30 minutes par jour / tous les jours.

    Et quand je suis passée près des bedonnants devant le bar... j'ai arrêté de respirer parce qu'ils fumaient à pleins poumons (beurkkk).

    Et pour la bière... bien sûr, n'importe quand ;)

    Mon fils me suit dans tout mes projets d'écriture, et il est mon "professeur" :)

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  13. C'est justement son côté éphémère ou fragile qui le rend si précieux, ça nous oblige à y mettre les efforts pour l'entretenir.
    Coulé dans le béton, on finirait par ne plus le voir. ;)

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  14. Merci ma toute sage amie Sylvie! Encore une fois, tu touches un point. Bonne (froide) journée xox

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  15. Oh! Comme je suis contente de te découvrir, merci twitter!

    J'aime beaucoup ta façon d'écrire, particulièrement ce texte.

    Bravo pour tes 30 minutes de marche, beau défi, surtout s'il te fait apprécier ta vie...

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